Muriel Gaudin pense que la discrimination contre les migrants commence par soi-même.
Soit ! elle héberge un adolescent Africain chez elle.
Cette réalité devient une fiction théâtrale en direction du y a qu’à, faut qu’on : « Bien-pensance et cruauté peuvent faire partie d’une même grande et belle famille », dit l’autrice.
Est-ce donnant-donnant pour autant ?
Le dormir, le couvert, un ciel, au-dessus du toit, si bleu si calme, contre l’assurance d’être quelqu’un de bien.
Après tout, il a la vie sauve, grâce à moi.
Je ne suis coupable de rien, blanche comme neige.
Être heureuse avec amant, mari et fille, avec vue sur un joli jardin ? Est-ce mal ?
Et si la tyrannie du bien était, comme Monsieur Jourdin, la prose de la figure forte d’Elsa, comme dit le metteur en scène Pierre Notte. N’impose-t-elle pas sa loi parce qu’elle sauve la vie d’un petit poisson sans ailes qui voudrait voler au-dessus de la mer ?
Et si cette figure forte était une référence absolue, pour ce sauvé des eaux, qui est avant tout un humain dans toute sa multiplicité.
Et si c’était un déni avec un certain penchant pour la cruauté : « le rapport est marchand, je te sauve de tout, j’exerce mon pouvoir, mon savoir, et toi, tu me déculpabilises ? ».
Cette comédie, car l’humour n’est pas en reste avec Muriel Gaudin, nous ramène au mensonge de l’en-soi, par le fait même de nos actes ?
Tous pour un coupable, un coupable pour tous ! pourrait être le slogan de cette heureuse famille.
La mise en scène de Pierre Notte oscille entre souvenir ou cauchemar ?
Des éléments figurent la tragédie migrante : la Porte de la Chapelle, l’entrée, le salon, la cuisine etc., pour ôter tout réaliste, dans un kaléidoscope où des bris d’images racontent, avec des pauses musicales de Clément Walker-Viry, cette pièce farce monstre, naturaliste, comme le précise Pierre Notte.
La troupe est magnifique avec les figures fortes de Fleur Fitoussi, Muriel Gaudin, Benoit Giros, Emmanuel Lemire, d’Antoine Kobi, et de Clément Walker-Viry musicien bien présent avec nous.
Ayez donc un certain penchant pour aller voir cette cruauté de nos bonnes consciences.
Un certain penchant pour la cruauté
de Muriel Gaudin
Mise en scène Pierre Notte
Avec Fleur Fitoussi, Muriel Gaudin, Benoit Giros, Antoine Kobi, Emmanuel Lemire, Clément Walker-Viry, Clyde Yeguete, Chloé Ploton
Musique Clément Walker-Viry
Lumière Antonio de Carvalho
Scénographie François Gauthier-Lafaye
Costumes Sarah Leterrier
Production Scène et Public
Coproduction Reine Blanche Productions, Ats Production
Avec le soutien du programme Adami Déclencheur
Avec la participation artistique du Jeune théâtre national
Durée : 1h20
Du 22 septembre au 19 novembre, mercredi et vendredi 19h, dimanche 16h,
au Théâtre de La Reine Blanche 2 bis Passage la Ruelle 75018 – Paris. Tél : 01 40 05 06 96.
En tournée :
Le 16 décembre 2023 à 21h au Théâtre Jean Cocteau – Franconville (95).
Les 22 et 23 février 2024 à 20h45 à L’Espace Culturel La Fleuriaye – Carquefou (44).
Le 23 mars 2024 à 20h30 au Théâtre Gérard Philipe – Saint-Cyr (78).