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Le blog Les dits du théâtre

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Les dits du théâtre, le blog de l'actualité théâtrale d’aujourd'hui


CHÂTEAU-TYRAN de Clément Kalsa

Publié par Dashiell Donello sur 26 Mars 2024, 15:49pm

CHÂTEAU-TYRAN de Clément Kalsa

L’ouvrage SUTURE, des Éditions de Corlevour, se lit dans les deux sens. Il réunit la pièce de Clément Kalsa, poète et dramaturge, avec un livre d’art.

Les mots de l’auteur de Château-Tyran, vont avec une série de dessins de Julien Spianti.

Le texte est en trois actes ; et comme le livre donne l’envers et l’endroit d’une famille pour le moins troublée, la tyrannie de la passion n’est jamais loin. Dès l’entrée en scène du premier acte, des éclats de voix résonnent dans un grand appartement qui semble être déchu de son lustre d’antan. Nul confort, nulle décoration. Ces voix sont celles de Béatrice et Catherine qui sont respectivement mère et fille. Cette dernière traîne des pieds comme si elle venait de se réveiller dans un endroit inconnu.

Nous apprenons, par Catherine, le nom d’une ville : Châteauneuf. Et que son grand-père s’en voulait. Il disait : « C’est moi qui ai tué votre mère ». Un début qui resonne comme les secrets perdus de ce récit familial.

Catherine s’était donné pour devoir de réconcilier sa petite sœur avec son passé. Dans la pièce de Clément Kalsa, cette mère lutte pour protéger ses enfants d'un prédateur. Ou, du moins, c'est la version qu'elle veut faire entendre : à ses enfants, au public, à elle-même.

Thomas Ostermeier, directeur de la Schaubühne, pose des questions dans la postface : « (…)L’ombre d’abus sexuels hante constamment l’atmosphère. Le grand-père, cet artiste auréolé de prestige et de grandeur par sa fille a-t-il commis des violences sur ses petits-enfants ? Le frère a-t-il été abusé ? ou bien s’est-il emparé du récit traumatique de sa sœur afin de justifier son mal-être ? (…)».

Eliott un artiste peintre apprend par Béatrice que sa mère avait été modèle pour son grand-père. Et qu’elle-même avait été un modèle payé, pour des considérations techniques sur son corps.

Catherine refuse la présence d’un certain Éric, à l’enterrement de son fils, pour cause de violence envers lui. Béatrice lui répond : « Toi aussi, tu as été violente avec lui ».

Les allusions de Béatrice à l’acte deux parlant de son frère, font dire à Éliott : « Mais c’est toi qui as été … Violenté ?

Les images, les non-dits s’accumulent dans cette famille, où chacun revendicte un viol. La complexité de cette humanité se noyant dans un monde de fantasmes, de haine, pour les uns et de violence pour les autres, va trouver sa libération, dans une nouvelle tyrannie, au troisième acte.

Son point de vue psychologique, lyrique et tortueux des personnages, nous fait parfois penser à August Strindberg qui disait : « Je veux tout bouleverser pour voir ce qui se trouve en dessous ; je crois que nous sommes si palmés, si horriblement enrégimentés, qu’aucun nettoyage de printemps n’est possible, tout doit être brûlé, réduit en miettes, et alors nous pourrons recommencer à zéro... »

Bien que nous ayons eu du mal à entrer dans l’écriture complexe de Clément Kalsa, avec peu d’action et un tantinet bavarde, nous nous sommes accommodés, au fil de l’histoire, avec les raisons mystérieuses de cette famille, où le sexe est physiquement vécu dans le souvenir et la douleur.

 

Clément Kalsa est dramaturge et poète.

Il a co-fondé la compagnie Ensemble Poursuite, bassée dans la Sarthe, qui met en scène plusieurs de ses pièces.

 

CHÂTEAU-TYRAN de Clément Kalsa

SUTURE

Editions de Corlevour

97, rue Henri Barbusse

92110 CLICHY

https://editions-corlevour.com

 

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