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Le blog Les dits du théâtre

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Les dits du théâtre, le blog de l'actualité théâtrale d’aujourd'hui


Le Sacrifice comme acte poétique d’Angélica Liddell

Publié par Dashiell Donello sur 9 Septembre 2023, 17:52pm

Le Sacrifice comme acte poétique d’Angélica Liddell

Le « Sacrifice comme acte poétique » nouveau texte d’Angélica Liddell, dans un espace public, offre aux morts du génocide nazi, l’identité perdue de ce massacre innommable de la deuxième guerre mondiale.

C’est le point de vue de la rébellion à l’acmé de cette grande artiste du troisième millénaire. Elle va sur la scène du mystère qui est une chance avec l’expérience du beau comme seul témoin.

Car jamais la répression ne doit triompher sur l’expression, dit-elle.

C’est alors le silence mêlé au sacrifice, comme la mer au soleil de Rimbaud.

Sa sexualité volontaire n’est que le désir du miracle en érection de « humain » déshumanisé.

Angélica Liddell sait qu’il ne faut pas trop cracher dans la soupe de ses contradictions, afin de ne pas sentir son propre vomi textuel.

C’est pourquoi les images d’Épinal de l’écriture de l’autrice ne sont pas plus iconoclastes que d’autres. Sauf qu'elles reconstituent un puzzle avec les mots d’une humanité sans visage, ni beauté.

C’est en cela que cette artiste est incomparable. Elle prend sa source dans l’indicible des hyponymes vitaux des trous de son propre corps : anus, bouche, yeux, méat, nez, oreille, vagin.

L’artiste, en posant cette simple question sait que la beauté n’existe que monstrueuse et sexuelle :

« l’art a-t-il pour seule fonction la jouissance esthétique ? ». Angélica Liddell connait sa mythologie par cœur ; et sait que l’amour est interdit au regard d’une simple mortelle.

Alors elle s’assoit sur des bites mythiques, ici et maintenant dans l’espace d’un théâtre antisocial.

Son offrande à l’art transforme l’information en horreur pour qu’elle soit réelle pour mettre en évidence le conflit entre le réel et la réalité créée.

En lisant les dix textes d’Angélica Liddell, nous pensons qu’il est possible de répondre à l’interrogation d’Adorno : «  comment écrire après le génocide nazi, après les ignominies du XXe siècle ? ».

 

Angélica Liddell convoque pour ses afflictions électives : Adorno, Apulée, Artaud, Barthes, Dante, Diderot, Rousseau, Freud, etc., pour s’affliger de la servitude volontaire d’être au monde.

Pour exemple, la tasse de thé de Wittgenstein. Elle sait que l’on ne peut mettre de la poésie sur de la poésie, ni de l’humain sur de l’humain. Cela déborderait d’hypocrisie et l’œuvre, dans son aura, n’aurait plus de raison d’être : « Je me demande: est-ce qu’atteindre la masse est l’une des fonctions politiques de l’art ? ».

La poésie est à l’opposé de la massification. Sa pureté est rare voire unique pourrait-elle dire.

Et de finir « Le sacrifice comme acte poétique », sur le régal (terme cher à Claude Régy ) d’une commande de la Mouette par un inconnu, à qui elle conseille d’oublier cette demande par respect pour Tchékhov. C’est de l’humour noir et acide, mais tellement bon que cela fait du bien de lire cette Mouette qui n’aura jamais d'existence.

Alors, si vous voulez lire l’artiste, à mon avis, la plus influente des écritures contemporaines, demandez sans faire de sacrifice ce livre qui est déjà sur ma table de chevet.

Merci à François Berreur et aux éditions Les Solitaires intempestifs de défendre, depuis de nombreuse années, Angélica Liddell qui avec tellement de talent ne doit pas être d’ici. Cela dit sous une autre forme que «  je ne suis plus d’ici » de Kleist.

Un livre à lire en solitaire opportun.

 

Éditions Les Solitaires Intempestifs

1, rue Gay-Lussac

25000 Besançon

https://www.solitairesintempestifs.com

 

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