LE MISANTHROPE DE MOLIÈRE

Le Misanthrope de Réné Loyon, un hymne à l’humain

L’espace scénique semble figurer le petit coin sombre du noir chagrin d’Alceste. Quelques chaises sont les témoins de l’histoire de ses amours contrariées.

La cause principale vient de Célimène qui a l’art de lui plaire, mais l’ombrageux amant rage de voir défiler tous ces gens à la mode qui font salon chez elle; et dont le jeu principal est de se moquer des précieux et précieuses ridicules de la cour.

Parmi ses invités certains même aspirent à ses faveurs.

Ceux-là, Alceste les déteste fortement. Cela le fait douter de la fidélité de Célimène. Il décide donc de s'isoler définitivement de la société humaine à laquelle pourtant il appartient.

Le Misanthrope d’âge mûr de René Loyon (tous les personnages ont la cinquantaine ou plus), est un théâtre en alexandrin qui rime avec la critique des mœurs, de la mode, de la société, du politique, etc. ; n’en jetons plus la cour du grand Molière est pleine. Mais c’est surtout du très bon théâtre servi par une magnifique troupe que nous avons applaudie, vue et entendue.

Dominique Verrier fait de son Philinte un autre misanthrope qui, sous des dehors polis, n’en est pas moins dupe. Il forme un couple de qualité avec Cristine Combe (Eliante), comédienne toute en délicatesse, qui a une interprétation généreuse qui tient de la pureté.

Evelyne Guimmara nous donne une Arsinoé exceptionnelle, sans les clichés et les artifices que l’on voit parfois chez certaines comédiennes en mal d’effet. Ici elle est un joyau qui fait briller toute son humanité et son jeu, prolongé en longue et en brèves d’un alexandrin de bonne facture. C’est un vrai et grand plaisir de voir cette Arsinoé !

Corinne Bastat est une Célimène toute en nuances à la Paul Verlaine « Pas de Couleur, rien que la nuance », car le subtil et les reparties de son jeu nous convainquent hautement. Dans sa robe noire, ne porte-t-elle pas le deuil du qu'en-dira-t-on à son sujet ?

Claude-Bernard Pérot ( Alceste) touche juste avec sa sobriété. Exit ! les rugissements habituels de l’atrabilaire amoureux trop souvent utilisé jadis sur des scènes ici ou là.

René Loyon en donnant de l’âge à ses personnages a mis au premier plan le chef-d’œuvre de Molière. Texte humain trop humain immanent à toutes les sociétés passées, présentes et à venir.

Avec Nietzsche, le metteur en scène nous dit peut-être que chacun doit voir sa propre vérité en face, bien avant de voir celle des autres. Pour le coup ce Misanthrope est sacrément contemporain.

La vérité a été l'excellence de cette représentation à laquelle nous avons eu la chance d’assister.

Si vous désirez voir un Misanthrope, choisissez celui de René Loyon au 100 Etablissement Culturel-Solidaire, vous ne le regreterez pas. C’est un coup de cœur Les dits du théâtre.

Le Misanthrope de Molière

Mise en scène : René Loyon
Assisté par Evelyne Guimmara
Avec Pierre Ascaride, Corinne Bastat, Cristine Combe, Francis Coz, Dominique Gras, Evelyne Guimmara, Claude-Bernard Pérot, Dominique Verrier, Thierry Vu Huu
Lumières : Laurent Castaingt

Production : Compagnie RL

Avec le soutien de l’Adami

Durée :  2h00

REPRÉSENTATIONS

Les 02, 03, 04, 05, 06, 09, 10, 11, 12, 13, 16, 17, 18, 19, 20 Octobre à 20h00 et le mardi 10 octobre à 14h30

Établissement Culturel Solidaire

100, rue de Charenton

PARIS 12e

Tél. +33(0)1 46 28 80 94

https://100ecs.fr/le-misanthrope/