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Le blog Les dits du théâtre

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Les dits du théâtre, le blog de l'actualité théâtrale d’aujourd'hui


Ces filles qu’on attend de Claudine Galea

Publié par Dashiell Donello sur 8 Mars 2024, 17:27pm

Ces filles qu’on attend de Claudine Galea

« Après les larmes » porte la voix de Claudine Galea. Une voix d’enfant : il crie dans la muette campagne, comme la citation de Pier Paolo Pasolini, qu’elle met en exergue sur la page blanche, à laquelle elle ne croit pas : « la page blanche me fait toujours penser à l'effacement, à la politique de la terre brûlée* ».

La première voix du commencement est celle d’Ambre, porteuse d’une multitude de voix dont celle de l’écrivaine. C’est une enfant fragile qui était grosse et harcelée, dès le cours élémentaire, par les autres enfants. Dans le bus, elle faisait croire qu’elle était forte, pourtant elle dit : « J’ai peur de prendre toute la place ».

Ambre, est en souci, parle à l’imparfait, temps révolu. Serait-elle prête à occuper sa place dans le temps présent ?

Le XXIe siècle meurt de l’excès de consommation, nous dit Claudine Galea : «  pour une Yseult obèse qui pose nue dans son clip parce qu’elle est devenue une star combien de jeunes filles invisibles souffrent dans leur corps et leur solitude ? ».

La chanteuse d'« Y-trap » née en 1994 s’est, comme elle le dit dans ses chansons, relevé. Pour s’émanciper, elle a transgressé la dictature d’une certaine beauté pour assumer ce qu’elle est.

Transgresse ta peur traverse tes larmes toi aussi tu peux être UNE AMAZONE, dit l’écrivaine à Ambre.

La deuxième voix est celle d’Anabelle : «  j’ai une voix singulière tissée d’autres voix c’est la voix de la fiction et cette voix fait attention aux mots qui sont dits parce que les mots sont importants dans une histoire si on fait vraiment attention ».

Nous savons qu’écrire est une alchimie secrète pour Claudine Galea. Car l’usage de la langue est au cœur de son travail. L’écrivaine lève un petit peu le voile dans son dialogue avec les femmes qu’elle a interviewé pour sa commande d’écriture. Elle analyse la façon de parler d’une de ces femmes : «  cinq phrases d’affilée trois à l’imparfait deux au passé composé la première et la dernière Elle ne connaît pas le sens du passé composé ni l’aspect inchoatif du verbe « faire »  un état qui progresse lentement ».

La troisième voix est celle de Benoît qui vient nous raconter l’histoire, de la vérité d’une histoire collective, qui nous dit que ce que l’on a en commun, c’est de chercher pour éclairer la vie : « on cherche toustes comment vivre et quand on trouve quelque chose c’est un petit caillou qu’on tient dans sa main qui nous fait avancer ».

Ces filles qu’on attend, viennent d’une belle tête qui pense vrai  : « dans mes livres, je n’ai pas peur d’exposer certains aspects et moments de ma propre vie lorsque c’est nécessaire. Non pour la rendre spectaculaire, mais pour m’appuyer dessus afin d’explorer dans le détail des situations, des états, des émotions, qui racontent l’expérience humaine ».

Cet écrit documenté traduit ce qui vient de l’inconnu des voix que Claudine Galea entend en traductrice, à travers les larmes et les douleurs, à l’imparfait des galères passées d’enfants puis de femmes, dans une narration éclairée.

Ce « Hors cadre » va bien à l’écrivaine, nous vous le recommandons avec empressement.

 

* extrait du texte écrit pour le nouveau Gare au théâtre à propos de l’espace Galea

 

Ces filles qu’on attend de Claudine Galea

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