Tania de Montaigne adapte sur scène son essai « L’Assignation » ( prix de la laïcité 2018), avec Stéphane Foenkinos, dans une expérience théâtrale pleine d’humanité.
L’Assignation : un arc-en-ciel d’enchantement
Je ne savais pas qu’en allant voir « L’Assignation » de Tania de Montaigne, je deviendrais noir.
Oui ! je suis noir… enfin, je suis devenu noir. Pas Noir, hein ! Car noir avec un N majuscule c’est égal à Nous. C’est ce nous impersonnel qui crée le racisme. Je suis donc devenu noir, sans verser pour autant dans le « raciste anti-blanc », par la grâce, l’intelligence et la douceur d’une déesse : Tania de Montaigne.
L’écrivaine a un nom à particule qui s’accorde avec sa noblesse d’âme. Son homonyme est un philosophe qui se prénomme Michel. Elle pourrait dire comme lui : « chaque homme porte la forme entière, de l’humaine condition (…) C'est une perfection absolue et pour ainsi dire divine que de savoir jouir loyalement de son être ».
Tania de Montaigne, m’a appris, avec son texte subtil, qu’il n’y a qu’une seule et unique race : l’humanité.
Mais elle est Noire ! me direz-vous. Et je vous répondrais non, elle est noire, mais Tania de Montaigne le dit mieux que moi : « Je me sens noire peut-être, mais pas Noire. L'adjectif oui, le qualificatif non ».
Quelques lignes du programme
Elle y va, de front, s’attaque au mot Race, aux assignations qui s’ensuivent. Elle porte un prénom russe, arbore une particule et le nom du plus grand moraliste français. Mais Tania de Montaigne est noire, sans majuscule. Elle affronte les automatismes grinçants des préjugés racistes. Juif, Musulman, Blanc, Noir... Pour chaque couleur, chaque religion, il y aurait un mécanisme et des flopées d’archétypes, caricatures, condescendances de bon ton, ou relents xénophobes. Tania de Montaigne en fait une fête et un spectacle. Elle se lance dans une conférence teintée d’une drôlerie cruelle, orchestrée par Stéphane Foenkinos, le metteur en scène. Avec L’Assignation, elle sort de leurs zones d’ombre et de confort les hypocrisies comme les réflexes les mieux partagés, pour regarder enfin le mot Race en face. Et pour en rire, aussi.
Un arc-en-ciel d’enchantement
Si vous voulez affronter tous les préjugés, je vous assigne à aller voir Tania de Montaigne qui perpétue « I have a dream (1963) » de Martin Luter King, malgré un troisième millénaire brutal qui n’a toujours pas entendu : « qu’un jour sur les collines rousses de Géorgie les fils d’anciens esclaves et ceux d’anciens propriétaires d’esclaves pourront s’asseoir ensemble à la table de la fraternité ».
Si, comme moi, vous croyez encore en l’humanité, allez voir (sans appréhender la couleur de votre peau),
« L’Assignation » : un arc-en-ciel d’enchantement.
Citation : Je passe en revue les souvenirs, la cité, l’école, les premiers boulots. Mais dans toutes ces images, je suis déjà Noire. Alors, qu’est-ce que c’est qu’une Noire ? D’ailleurs, est-ce que ça existe ? Et si les Noirs – et tous ceux dont on peut parler en ayant l’illusion qu’en mettant une majuscule, on a tout dit d’eux – n’existaient pas ? Tania de Montaigne.
L’Assignation
Jusqu’au 16 octobre 2021
texte : Tania de Montaigne
mise en scène : stéphane foenkinos
avec Tania de Montaigne
collaboration artistique : Aymen Bouchou, Clara Choï, Florence Maury
scénographe : Laurence Fontaine
lumière : Claire Choffel-Picelli
vidéo : Pierre-Alain Giraud
Photo : ©Giovanni Cittadini Cesi
Théâtre du Rond-Point
2, bis avenue Franklin D. Roosevelt
Paris 75008
Billetterie - 01 44 95 98 21
métro Franklin D. Roosevelt (lignes 1 et 9)
ou Champs-Élysées Clemenceau (lignes 1 et 13)